Petite histoire de la notion d’ambiance


resumo resumo

Jean-Paul Thibaud



environnement. Divers arguments vont dans ce sens. L’ambiance est définie comme « une constante d’équilibres entre nos rythmes intérieurs et les rythmes de la nature ». Cet équilibre entre le dedans et le dehors serait constitutif d’une ambiance. Selon Daudet, quand l’équilibre vital est assuré, il confirme l’ambiance, par contre quand il est détruit, il la remet en cause. L’ambiance pourrait aussi être considérée comme « une émanation épithéliale et endothéliale ». Daudet s’empresse toutefois de préciser que l’ambiance ne relève pas seulement d’une émanation organique mais aussi morale, elle « émane à la fois de l’univers et de nous ». Mais encore, l’ambiance serait « un élémentaire à la fois quantitatif et qualitatif ; élémentaire qui puise, au dehors, du quantitatif, aussitôt repris par le qualitatif psychique récepteur ». De ce point de vue, elle procèderait de phénomènes de transmutation. Enfin, et peut-être est-ce là une manière de synthétiser ce premier niveau, l’ambiance est pensée comme « la connaissance de la peau ». Ainsi pourrait-on parler de « l’ambiance cutanée » c’est-à-dire « quelque chose qui n’est ni matière, ni esprit, qui compénètre l’esprit à la matière et la matière à l’esprit ». Daudet insiste de nombreuses fois sur le caractère plurisensoriel de l’ambiance, les sens n’étant pas autre chose que « des localisations de l’ambiance » : « C’est ainsi que la vue permet d’apprécier les distances, les formes, les couleurs, les relations de position et nous donne une aperception des états moraux des gens qui nous environnent et de la sémantique, ou ‘signification’, des aspects. C’est ainsi que l’ouïe nous fournit, sur le plan des sonorités et des bruits, des renseignements, des appréciations, des équilibres de même Elémentaire, bien que d’une nature différente. Il en est de même pour le toucher, avec des variantes sur lesquelles il est superflu d’insister. Mais l’odorat est celui de nos sens qui est le plus près de l’ambiance et le plus capable de nous donner une idée, une représentation assez approchée de celle-ci ». Rapporté aux sens, le niveau individuel de l’ambiance est affirmée explicitement à plusieurs reprises. Pour Daudet, non seulement l’ambiance varie pour chaque individu mais c’est elle qui assure notre contact avec la réalité. Elle permettrait ainsi d’expliquer certains cas de délire ou de psychose qui consistent précisément en une perte de contact vital avec la réalité. Mais encore, si elle est « une des clés de la vie normale et pathologique de l’homme », elle ne serait pas sans lien avec l’hérédité. Comme il ose l’avancer lui-même : « L’hérédité, c’est l’ambiance dans le temps. Inversement, l’ambiance a, sur le plan de l’espace, des affinités avec l’hérédité, et que traduisent les phénomènes de contagion. »