Marcher, courir: gestes pour vivre, penser, écrire


resumo resumo

Mariagrazia Margarito



par le mécanisme quotidien de la route, l’opposition sera flagrante entre ces deux mondes : celui que l’on pense et celui que l’on heurte, ce qu’on rêve et ce que l’on fait , entre ce qu’on désire et cela que l’on obtient ; entre la cime conquise par une métaphore et l’altitude lourdement gagnée par les jambes

V. Segalen, Equipée, Paris, Gallimard, 1963, p. 12.

 

Nous présentons ici le deuxième volet d’une recherche[36] que nous menons depuis quelque temps sur la marche et la course à pied, quelles que soient les formes sous lesquelles elles se déclinent : marche, randonnée, longs parcours (tels que les marathons et les Caminos de Saint-Jacques de Compostelle).

Ce critère thématique posé (la course, la marche), nous précisons que nous travaillons dans le cadre de sciences du langage, que les "mots pour dire" attirent notre attention dans la recherche, et nous interpellent tout spécialement les entrées lexicales saillantes dans le corpus mis ici à plat. Nous nous servirons aussi d’outils méthodologiques venant de l’analyse du discours, de la linguistique du travail, de la sociolinguistique, des sciences sociales… L’hétérogénéité de ces outils nous a été enjointe, d’une certaine façon, par l’hétérogénéité de notre corpus de travail, lequel – en tant qu’artefact artisanal par son assemblage - se devait d’être représentatif des phénomènes que nous comptions y déceler. Au-delà du thème déjà énoncé (la littérature de voyage n’est point prise en compte ici) notre corpus se compose de textes ayant en commun la langue française, traduction y comprise.

C’est un ensemble de textes où nous souhaitions relever des sortes de données prototypiques, en vue d’une avancée vers le but de ce travail : inscrits dans la matérialité de la langue (suivant une formule connue) marcher et courir sont à leur tour un geste d’écriture aussi.

Déjà lors de notre essai précédent l’hétérogénéité de notre corpus montrait en amont que le thème (marche, course à pied) n’était pas des plus fouillés dans une analyse linguistique et qu’il demandait un rayonnement de recherche dans des genres textuels diversifiés : guides, articles de revues spécialisées, romans, essais philosophiques, réflexions intimes proches de l’autobiographie, essais scientifiques.

Notre corpus comprend donc :



[1] M. Margarito, Marcher, courir: écriture et non-événement, D. Londei , S. Moirand, S. Reboul-Touré, L. Reggiani (éds), Dire l’événement. Langage mémoire société, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2013, pp. 285-294.